Naissance du visage étranger d’András Petőcz

« Titulaire du prix Sándor Márai et d’autres distinctions littéraires, voyageur de l’Europe aux USA au fil de résidences d’écriture renommées, András Petőcz n’en brasse pas moins une mélancolie discrète. C’est qu’il est Dieu, en ces pages, et qu’à ce titre, il est désormais sans abri, « citoyen triste d’un triste pays ». Un dieu sans majuscule, qui erre de Budapest à Vienne et de Bruxelles à Londres, familier des recalés de la société, furtif comme eux, traînant les mêmes valises usées, adoptant leur odeur. En cela dieu est poète. S’identifier à l’errant, regarder les femmes depuis son indignité, considérer sa vie où tout a basculé en un instant (un divorce, la perte d’un boulot), nous en dresser le constat au plus proche d’une nécessité qui s’impose de ligne en ligne : c’est sa liberté, et « qui veut la liberté, veut la liberté avec des mots simples, ou en silence ». Mais c’est aussi et surtout un travail (« ce n’est pas pour rien qu’il travaille si dur »), le seul sans doute qu’il nous reste à accomplir dans un monde bouleversé. »

Caroline Lamarche

Editions du Cygne, 2016
Traduit du hongrois par Georges Kassai et Karoly Sandor Pallai