Au coeur du problème, le travail. Ce qu’il confère de dignité et de reconnaissance, et ce qu’il retire quand on le perd. Et puis Géza, jeune homme mentalement attardé, élevé par sa mère, veuve, sous le regard tantôt compatissant, tantôt cruel de leur entourage. Nous sommes au nord de la Hongrie, dans une petite ville minière, quelques années après la chute du mur de Berlin et le changement de régime. Les hommes sont ouvriers à la carrière de pierres ou au chômage, déjà. Les femmes, quant à elles, restent à la maison. Géza, contre toute attente, est embauché à la carrière, comme son père, lorsqu’il était vivant, comme les autres… Comme les autres ? Emploi fictif ou réel ? Payé ou sous-payé ? Géza prend son travail à coeur, il apprend la fierté, la dignité. Bouton rouge, bouton vert. Si quelque chose tourne mal, il doit appuyer. Mais voilà, rien ne se passe. Persuadé qu’il ne sert à rien, Géza veut tout quitter. Le travail, la différence, les idées reçues, la cruauté, mais aussi la générosité et l’humour, tels sont les thèmes et les traits qui font du Veilleur de pierres une pièce forte sur le handicap et l’exploitation des plus faibles par les habituels plus forts.
János Háy
János Háy est né en 1960 à Vámosmikola, en Hongrie. Après des études de russe et d’esthétique, il est enseignant puis éditeur. En tant qu’auteur, il débute par des poèmes au début des années 1980, puis écrit des nouvelles, des romans et des pièces de théâtre. En 2002, il reçoit le prix József Attila pour sa pièce Le Veilleur de pierres, consacrée meilleure pièce hongroise de l’année. Il réside actuellement à Budapest, où il vit de sa plume.
Préface de Fabrice Clément
Traduit du hongrois par Françoise Bougeard
Editions L’Espace d’un instant, 2010